Un commerce qui résiste contre vents et marées, contre la concurrence des grandes surfaces, contre l’e-commerce et la désertification des centres villes…
A sa tête, une commerçante animée par l’amour du métier et l’envie de bien faire !
ADL : Parlez-nous de votre parcours professionnel et de l’origine du commerce…
Bernadette Roiseux : Dès l’âge de 15 ans, j’ai commencé à travailler avec mes parents qui tenaient un grand magasin de confection (Chez Roiseux) dans le centre de Barvaux. Initialement fondé par ma grand-mère, celui-ci a ensuite été repris par mon père qui l’a agrandi. On y vendait des vêtements et des tissus. En plus de la vente, maman dessinait et cousait des robes, même des robes de mariée ! Quant à papa, il s’occupait du rayon « homme » du magasin. Suite à son décès, nous avons recentré l’activité du magasin sur le prêt-à-porter « dame » uniquement. Quelques années plus tard, contrainte de devoir s’occuper de ses petits-enfants, maman a cessé le magasin. C’est ainsi, qu’avec mon mari, nous avons fait construire notre maison et le magasin sur la Route de Marche. Nous étions alors en 1979, il y a de cela 42 ans !
ADL : Et pourquoi un magasin de lingerie ?
B.R. : Comme la vente de lingerie avait bien marché dans le magasin de mes parents, j’ai opté pour ce créneau. Pour la petite histoire, c’est
un fournisseur qui m’a conseillé d’appeler mon magasin « Mary Lingerie » en référence à ma petite-fille Marie.
ADL : Votre mari travaille-t-il avec vous ?
B.R. : Oui, depuis qu’il est pensionné. Il s’occupe du paiement des factures du magasin et réalise les étiquettes des
marchandises.
ADL : Que peut-on trouver dans votre magasin ?
B.R. : Je vends de la lingerie, des sous-vêtements pour homme et du linge de nuit. De quoi
satisfaire tout type de demande ! J’assure également un service de blanchisserie et de nettoyage à sec.
ADL : Votre magasin est ouvert 6 jours sur 7, de 9h à 18h30 (sauf le lundi de 14h à 18h30).
B.R. : En effet, par respect du client, j’essaye d’ouvrir ma porte le plus souvent possible et à l’heure ! Quand je dois
fermer mon magasin, j’ai mauvaise conscience …
ADL : Quel est le secret de la longévité de votre commerce ? Ses points forts ?
B.R. : Je ne sais pas vraiment… (Réflexion) Peut-être que tout simplement les clientes aiment bien de venir… Après autant d’années, certaines sont presque devenues des amies. Elles savent qu’elles seront bien accueillies et conseillées. Pour moi, chaque cliente doit quitter le magasin satisfaite de son achat, même si ça doit prendre ½ heure en plus.
Je pense aussi que la situation géographique du magasin est idéale, en face du Spar qui a vu le jour peu de temps avant mon magasin, et le parking devant la boutique est juste parfait. Enfin, le service de blanchisserie génère du passage dans le magasin.
ADL : Comment se démarquer face aux chaînes de magasin de lingerie bon marché ?
B.R. : C’est le conseil et la qualité de la marchandise qui font la différence. Régulièrement, je rencontre des clientes qui portent des soutiens-gorge mal adaptés à leur morphologie, faute de bons conseils. En conclusion, je dirais que les chaînes de magasins ne s’adressent qu’aux clientes aux formes standards.
ADL : La lingerie « grande taille » est-elle aussi un de vos créneaux ?
B.R. : Oui, on peut dire que je suis « la spécialiste des grandes tailles » (rires) car même les personnes plus fortes ont le droit d’avoir de beaux sous-vêtements ! Ils doivent impérativement allier confort et esthétisme. Et il faut dire qu’en matière de tailles, j’ai acquis le « coup d’œil » avec l’expérience : plus besoin de prendre les mesures, je sais directement ce qu’il faut !
ADL : Parlez-nous de votre clientèle…
B.R. : Elle vient principalement des villages environnants, voire même d’un peu plus loin. Elle est assez
fidèle, grâce notamment à une carte de fidélité. Aussi, je profite chaque année du Week-end du Client pour la remercier. Je compte également des touristes parmi ma
clientèle estivale.
ADL : Une clientèle 100% féminine ?
B.R. : Non, elle peut être également être masculine, surtout au moment des fêtes telles que la Noël ou la St-Valentin.
ADL: Selon quels critères choisissez-vous vos marques ?
B.R. : Pour leur qualité et leur renommée. Aujourd’hui, par facilité, je m’en tiens principalement
à trois grandes marques : Pérèle, Primadonna et Anita.
ADL : Comment gérez-vous les stocks ?
B.R. : Je rentre des nouveautés en début de saison en fonction de ce qui se vend le mieux (modèles, tailles, coloris) et, si un modèle vient à manquer, il est facile de le recommander pour le recevoir 3 à 4 jours plus tard.
ADL : Parle-t-on de saisons en lingerie ?
B.R. : Oui. On ne porte pas les mêmes couleurs d’une saison à l’autre. Pour l’été, par exemple, il faut du clair, du blanc, des bretelles
invisibles… Actuellement, c’est la mode du kaki.
ADL : Comment se porte le marché de la lingerie ?
B.R. : Si, auparavant, une cliente repartait avec un soutien-gorge, aujourd’hui, c’est plutôt avec 2 ou 3 et, bien souvent, les culottes
assorties.
La lingerie est devenue un vêtement à part entière, à la fois utile et esthétique, comme une paire de chaussures ! On ne la cache plus comme avant…
ADL : Comment avez-vous traversé la crise du COVID-19 ?
B.R. : Pour respecter les mesures, ça s’est plutôt bien passé. Nous avons dû fermer les mois obligatoires. Au second confinement, les
clients étaient disciplinés, ils attendaient leur tour à l’extérieur du magasin.
ADL : Quel regard portez-vous sur Barvaux et ses commerces ?
B.R. : Je déplore que beaucoup de commerces aient disparu. Mon papa, qui était président de l’association des commerçants et qui avait même édité un petit journal (Barvaux 25), disait toujours : « Plus il y aura de commerces à Barvaux, mieux ça ira ! ». Je pense qu’il avait raison car c’est la variété de l’offre et les horaires d’ouverture larges des magasins qui font venir les clients dans un centre.
ADL : Comment voyez-vous l’avenir ?
B.R. : J’espère pouvoir encore travailler trois ou quatre années, si la santé me le permet.
Entretien rédigé par Marie-Agnès Piqueray, octobre 2021