François-Xavier Gillet | LookCopeaux à Jenneret

Le bois comme inspiration

Les belles inventions naissent souvent du hasard.
Le nom professionnel de ce jeune menuisier en est un bel exemple. Alors qu’il travaillait sur un chantier avec un ami et que de nombreux copeaux couvraient le sol, ce dernier s’est exprimé, en Wallon : « Louk on pô l’afère » et François-Xavier de répondre :
« Génial ! Ce sera ça le nom de mon entreprise ! ».

Reprenons depuis le début !

Tout a peut-être commencé dans sa chambre d’enfant lorsqu’il élaborait des maquettes avec ses K’nex.
Enfant solitaire, il s’échappait dans ses constructions. Et FX de préciser : « Bien des années après, alors que j’étais animateur sportif pour enfants en camps de vacances, tout ce qui m’amusait, c’était leur faire des cabanes, leur partager l’amour des arbres et leur univers ».

Son cursus scolaire s’écrit ensuite dans la continuité : enseignement professionnel avec une orientation ossature-bois. Il acquiert des outils et se teste chez des amis. « Ce qui m’a toujours passionné, c’est la courbe que m’invite à suivre le bois naturel, c’est vraiment ma matière de prédilection. Chaque réalisation est un défi pour rendre la lumière naturelle du bois ».

Et c’est à force d’enchaîner les petits chantiers dans son entourage proche et de recevoir les encouragements de ces premiers clients qu’il se décide, à l’âge de 32 ans, de présenter un dossier d’admission auprès de la structure d’aide à la création d’emploi, Créajob.
« Il devenait temps de légaliser ma situation administrative. Cet accompagnement m’a formé au marketing et surtout m’a appris à gérer un agenda clients : comment gérer 3 commandes en parallèle et en même temps anticiper la prospection des suivants. Cela m’a demandé de sortir de ma zone de confort, mais franchement j’encourage tout entrepreneur en création de passer par chez eux ». Petit à petit, François-Xavier prend connaissance des outils nécessaires à tout bon entrepreneur. Il détermine ainsi son seuil de rentabilité et comprend que pour voler complètement de ses propres ailes, et se payer un revenu décent, il va devoir produire 96 heures par mois. Les heures restantes seront consacrées à la communication, à la comptabilité, à la prospection clientèle, etc. Un sacré challenge !

François-Xavier a une préférence pour le robinier faux-acacia et aime privilégier les essences locales comme le chêne et le hêtre.  Avec un voisin qui dispose de quelques hectares de forêt, il n’est pas rare qu’il jette son dévolu sur un arbre tombé au sol et avec lequel il sent qu’il va faire du bon travail. Parfois, il se mettra au défi de laisser pourrir une branche ou un début de meuble pour voir comment il peut évoluer : « Le bois aussi travaille et m’offre parfois de belles surprises ».  C’est l’observation de l’artisan qui communique avec le bois … « C’est un de mes prochains défis : obtenir le titre d’artisan du bois ! Car si je veux créer une différenciation positive sur mon métier, je dois rendre visible ce qui fait que je ne suis pas juste un menuisier. Un chantier est avant tout une rencontre, un espace à meubler justement mais pas n’importe comment. Je suis attentif à voir comment la lumière circule, comme elle met en lumière les éléments ». FX accorde donc beaucoup de temps à son client, l’écoute, visite, suggère, conseille. Par ailleurs, dès qu’il en a l’occasion, il se promène en forêt, se laisse inspirer par ce que lui suggère la nature.

" Même s’il va falloir, à présent, aller chercher des clients un peu plus loin, je n’ai pas peur de la concurrence. Mon offre se situe ailleurs. Par contre, je vois plutôt les autres menuisiers comme des partenaires, on se conseille, on se prête du matériel. Je sais aussi que je vais devoir être davantage attentif à bien communiquer lorsque je remets un devis. Je suis conscient, je pense, des limites budgétaires de mes clients, aussi c’est important de faire comprendre ce qu’il y a derrière mon travail. Ce ne sont pas des meubles Ikea à assembler. J’espère enfin qu’avec l’expérience, la pression que je me mets va un peu retomber. J’ai tellement envie de satisfaire celles et ceux qui me font confiance ! ».

Il est temps de se quitter car FX a rendez-vous avec un stagiaire de son ancienne école. Pendant 3 mois, il va accueillir un jeune en formation, comme s’il était temps de transmettre une certaine passion du métier. A bientôt !

ADL Durbuy, novembre 2024