Quand la volonté de réussir devient un mantra !
Ils n’ont pas la trentaine et affichent des choix de vie d’une sidérante détermination. Ils ont, par exemple, choisi de vivre (pour l’instant) dans une Tiny House (27m²), ils n’ont pas de
télévision, pas de tracteur, pas d’étable et pourtant ils font des choix de vente en circuit-court d’une cohérence implacable.
« C’est très simple, me dit d’emblée Florian, si on n’engendre pas de frais, on ne les répercute pas aux clients ».
Nous allons essayer de comprendre cet ovni dans le paysage agricole durbuysien.
Déjà très attentifs au bien-être de notre rencontre, au préalable de notre rendez-vous, Sophie me suggère de me munir de bottes le jour J. Le ton est donné. De fait, à peine arrivé, nous partons voir les poules, les poulets et les pintades. Ces volailles sont hébergées dans de petits poulaillers mobiles et donc élevées en plein air. Juste à côté, nous découvrons un distributeur automatique d’œufs (et autres produits locaux). Encore un ancien modèle à pièces.
Après cela, nous reprenons le 4x4 et nous nous dirigeons vers un autre espace, où vivent des cochons en plein air également.
Cette variété de cochon, le Mangalica, est d’origine hongroise et ne demande aucun bâtiment pour son hébergement, juste de petits abris. Cette race est dite laineuse, robuste et surtout réputée pour la saveur de son lard et son gras très naturel. Elle est donc connue pour être la plus prisée des grands Chefs ! Ce porc, élevé en plein air, nécessite deux ans de croissance avant d’être prêt (au lieu de 6 mois pour une race traditionnelle).
Cette recherche de la qualité pour leurs produits est devenue un leitmotiv permanent. Ils ne cultivent pas en bio mais ils se disent en agriculture raisonnée. Jamais plus de phyto que nécessaire, juste une pulvérisation si les choses tournent mal. C’est ainsi qu’ils ont gagné la confiance sur leur modèle de production : être totalement transparents lorsqu’on leur pose une question. C’est dans ce sens que, pour se faire connaître, ils ont conquis les habitants du village. « Oui, lors de notre première récolte de fraises, nous nous levions à 5h du matin, confirme Sophie, pour cueillir les plus belles du jour et nous pouvions déposer, sur demande, des raviers sur les appuis de fenêtre des maisons du village. » La demande ne s’est pas fait attendre.
« Il est important, ajoute Florian, d’être là où se trouve le consommateur. C’est pour ça aussi que nous avons acquis deux distributeurs de produits, principalement pour nos fraises et nos œufs. Nous en sommes plus que satisfaits. Même s’il nous faut encore et avant tout informer nos clients, via Facebook, il nous faut encore convaincre ». (Vous trouverez d’ailleurs leurs belles fraises chez Chou-Vrac & Ciboulette à Barvaux !).
Et il n’y a pas qu’avec cette épicerie que nous travaillons, précise Florian. Nous fournissons également le restaurant de la Maison Pal’Ange, principalement en légumes de saisons et pommes de terre pour frites et je dois dire que cela nous réjouit de construire ce type de rapport de confiance. Nous espérons que progressivement d’autres tables de la commune vont se manifester. Sophie confirme « Nous espérons progressivement travailler avec d’autres tables et épiceries de la commune».
Leur vie est ainsi faite, morcelée entre 10 parcelles, 3 poulaillers mobiles, 30 cochons, 80 poules/poulets/pintades, des légumes, des pommes de terre et 2800 fraisiers.
La recherche d’un équilibre financier passe aussi par de l’hébergement touristique puisque que Florian et Sophie proposent de l’hébergement insolite via leurs deux Tiny Houses. Et dans leurs projets, il n’est pas impossible qu’un logement plus proche ou intégré aux parcelles des Mangalica voit le jour sous peu ou encore des balades gourmandes pour découvrir tous leurs produits au fil de leurs parcelles.
Innover et surprendre le client ! « Notre philosophie, précise Florian, est de vendre tout en direct. Nous voulons rester maîtres de notre chaîne de production. C’est pareil pour le matériel agricole. Nous ne voulons pas nous endetter avec de gros emprunts. En fonction de l’usage, nous louons la machine adéquate. Mais surtout, nous n’avons pas peur de travailler. Nous sommes tous deux issus de familles d’agriculteurs et sommes courageux de nature ». Sophie, qui a une formation de comptable, ajoute : « Nous observons les prix que pratiquent les grandes surfaces et nous essayons, quand cela est possible, de proposer des prix juste en dessous avec des produits de bien meilleure qualité. Le client ne s’y trompe pas. »
« Nous sommes en recherche constante de stabilité, conclut Florian, nous testons encore beaucoup de cultures. Selon la météo, le sol ou l’exposition du terrain, nous plantons des courges, des pommes de terre, des oignons, de l’ail, des poireaux, etc. Avec les changements climatiques qui s’annoncent, il faut observer la nature et s’adapter sans cesse ».
Je le savais en les rencontrant, j’avais affaire à un nouveau type d’agriculteurs. Point de production intensive, point de grands discours théoriques, juste de l’intelligence, de la franchise et du courage. Respect !
La Ferme de Florian & Sophie
Rue de la Forge 6940 Palenge (Septon)
0460 95 27 76
delvauxflorian@outlook.com
Entretien rédigé par Xavier Lechien, mai 2023