Arrivé à Barvaux en 2014, il n’était pas écrit à l’avance qu’il était évident de réussir l’ouverture d’un commerce en tant qu’opticien. D’autant plus que deux prédécesseurs avaient fermé récemment dans la même entité. Manu Jadot aime les challenges de taille et c’est avec un franc-parler assez clairvoyant qu’il a partagé son regard sur son expérience.
ADL : Comment définiriez-vous le métier d’opticien ?
M.J. : Métier passionnant car multitâches. Un opticien doit être un spécialiste de la vue doublé d’un commerçant. Il doit savoir écouter, comprendre les besoins du client, savoir le guider dans le choix de la monture, des verres. Il réalisera ensuite l’équipement nécessaire en atelier. Il pourra aussi contrôler la vue et adapter des lentilles. Le monde de l’optique est en constante évolution. A ce titre, l’opticien doit rester attentif à toutes les innovations technologiques et continuer à se former.
ADL : Quel est votre parcours professionnel ?
M.J. : J’ai maintenant un peu plus de 15 ans d’expérience. J’ai commencé ma carrière aux Pays Bas, dans le management, au sein d’une enseigne low cost bien connue (2e groupe européen d’optique). Etudes de marchés, ouvertures de nouveaux points de vente, recrutement, formation et gestion des équipes… Une autre tâche était la gestion des problèmes, j’étais donc informé de tous les soucis liés à la qualité des produits. A force de chercher des solutions, j’ai découvert un autre monde, celui de la haute lunetterie. Ce fut une révélation. J’ai donc décidé de changer d’orientation, je me suis formé et j’ai décroché une place dans une « belle maison ». L’approche était toute autre : ici, la qualité était irréprochable. Je suis passé du "McDo" au "Gastro" ! En 2014, j’ai sauté le pas et j’ai créé le magasin HORS PAIR OPTICIEN à Barvaux. En parallèle, j’ai été prof : j’ai donné cours aux opticiens pendant plusieurs années. Enfin, je suis lunetier, nous sommes 2 en Belgique.
ADL : Pourquoi s’installer à Barvaux ?
M.J. : Je suis tombé amoureux de la région. C’est en cherchant une maison à acheter dans le coin que j’ai vu le bâtiment de Barvaux. La localisation était bonne et je n’ai pas hésité. J’ai donc pris le local, la maison viendra plus tard.
ADL : Quel est votre concept ?
M.J. : J’ai créé un magasin qui permet de donner une réponse à tous les besoins. Lunettes, lentilles de contact, appareils auditifs. L’important étant la satisfaction client et un SAV en béton. Comme je vous l’ai dit, j’ai pris conscience des différences de qualités existant dans le monde de l’optique. Je choisi donc mes collections en axant ma sélection sur la qualité de fabrication. Je travaille vraiment bien les collections Belges. Il y a beaucoup de fabrications européennes, Danemark, Italie, Allemagne, Espagne et bien sûr du "made in France" (Jura, bassin historique de la lunetterie), j’ai banni toutes les fabrications chinoises, donc plus de Ray Ban par exemple. Je travaille des collections en exclusivité, des pièces uniques mais aussi, il est vrai, pour s’aligner à la concurrence, des petites montures sympas à bas prix. On me fait souvent la réflexion que je suis moins cher que la concurrence. Un audiologue travaille aussi sur rdv et propose la fameuse marque danoise « WIDEX ».
ADL : D’où vient votre clientèle ?
M.J. : Ma clientèle se compose principalement d’habitants du grand Durbuy. La population locale des villages avoisinants, les secondes résidences et enfin la communauté néerlandophone. En saison, il y a pas mal de touristes. Je remarque de plus en plus de clients qui viennent de loin pour un service spécifique (adaptation lentilles, basse vision, marques exclusives).
ADL : Etes-vous satisfait de votre implantation ?
M.J. : Très satisfait ! J’ai réussi à me démarquer, à fidéliser la clientèle, et le bouche à oreille fonctionne très bien. Chose particulière, le samedi, qui devrait être le meilleur jour est en fait le plus calme. Les gens ont pris l’habitude d’aller faire les courses, le shopping dans les grandes villes. Je remarque que ces comportements changent, et le commerce local intéresse de plus en plus de monde !
ADL : En conclusion, comment voyez-vous l’avenir ?
M.J. : Positif ! C’est clair qu’il y a pas mal d’embûches. C’est la vie d’un indépendant. Il est vrai que le virus n’a pas aidé sur le moment mais j’ai confiance, je pense que les gens vont de plus en plus continuer de comprendre l’importance de l’artisanat et du commerce local. Sommes-nous assez riches pour nous permettre d’acheter bon marché ? La qualité et le service n’ont pas de prix. D’autre part, j’ai plusieurs autres projets sur le feu, j’ai donc décidé d’embaucher une super collaboratrice afin de pouvoir me permettre de prendre le temps de développer un nouveau concept…
Hors Pair Opticien
En Charotte 22 | 6940 Barvaux
086 38 74 70
Entretien rédigé par Xavier Lechien